C’était un matin de décembre. Un matin un peu brumeux. Comme tous les matins de décembre. Je me suis levé ce matin-là, comme tous les autres de bonne heure et de bonne humeur. J’ai réchauffé du lait pour mon chocolat chaud (je n’aime pas le café) pendant que j’enlevais la prise de mon smartphone mis en charge la veille. Le son de Télématin retentissait dans tout l’immeuble. L’une des joies de vivre en appartement et d’avoir pour voisine une dame âgée matinale et immensément sourde. Je serais bien descendu lui demander de baisser le son de sa télé 4/3 mais, si elle n’avait visiblement plus toute sa tête, elle avait encore tout son cœur. J’avais bien vu que je lui avais fait de la peine la dernière fois. J’avais donc décidé de m’en accommoder. Je devais de toute façon aller faire semblant de bosser dans peu de temps. Bref, c’était un matin comme il y en avait tant d’autres, où rien ne semblait particulièrement clocher, où tout allait pour le mieux, c’est-à-dire pas très bien.
Les usines ford de Genk; les grèves européennes ; les phones, décidément très smart, qui rappellent automatiquement les journalistes ; des innocent massacrés au pays du second amendement … Tant d’évènements qui me révoltent autant qu’ils me dépassent. Mais, en cette veille de Noël, c’est à une énième protestation (sur Facebook, cela va sans dire) à laquelle j’étais convié. Rien de plus banal, un clic anodin parmi des centaines, des milliers d’autres. La raison d’être de ce groupe, véritable carnet de doléances du monde moderne ? Le traditionnel sapin de la grand-place de Bruxelles a fait place cette année à une œuvre d’art, une sculpture de lumière en forme de sapin lumineux.
Mais voilà, ce qui n’était au départ qu’un groupe inoffensif composé de citoyens amateurs de tradition et d’épines, s’est vite transformé en un étalage vulgaire de bêtise crasse. Un véritable défilé de racistes refoulés, aussi excités qu’un roumain au salon de la caravane. Les arguments des détracteurs du projet : c’est laid (compréhensible) ; c’est cher (mais c’est sponsorisé par Electrabel, donc l’argument devient caduque 1) et surtout, c’est pour ne pas déplaire aux méchants musulmans qui n’aiment pas Noël et son sapin (pourquoi ? Ben, parce qu’ils sont méchants pardi ?!). WTF ???
On ne rigole pas avec les traditions. Alors, ça gueule virtuellement, ça vocifère sa haine sur l’internet. Et comme souvent, ça se trompe de cible. Non content de jouer les (saintes ?) vierges effarouchées, certains ont visiblement oublié en chemin leurs cours de catéchisme, le sapin étant initialement un symbole païen. La crèche, symbole chrétien par excellence, étant toujours bien présente de son côté. Tant de respect et d’amour de son prochain, c’est touchant. Joyeux Noël
L’un des vices cachés d’internet ? Chacun peut avoir quelque chose à dire sans se poser de questions. Alors, on se retrouve à écrire n’importe quoi, de préférence sur facebook ou sur un forum de la dh. Voire, si on se la raconte vraiment, on fait un blog. Dans les cas les plus extrêmes, on en vient à se rêver Rihanna dans un clip avec Jay-Z
Bref, on fait n’importe quoi.
Bien sûr, il faut raison garder. Ce n’est qu’un petit groupe, à peine 20.000. Un grain de pixel insignifiant à l’échelle du web. Mais quand même.
Juste pour le plaisir 2, un commentaire révélateur d’un neuneu dénonciateur engagé : « Faites attention tout le monde. Ils en ont parlé au journal télévisé et ils n’ont même pas caché nos noms, où est le respect de notre vie privée ? » Sans doute par charité chrétienne, personne n’a jugé utile de rappeler à ce cher citoyen concerné qu’écrire sur un groupe facebook public n’était pas le meilleur moyen de protéger sa vie privée.
Un peu de bon sens, nom de dieu Zeus.
L’esprit critique devrait aussi être une tradition à ne pas mettre en péril. Ou est-il déjà complètement foutu?
Au courrier du jour : l’éternelle litanie de factures (belgacom), de pubs (test achats) et une notification de la banque signalant qu’une nouvelle carte est disponible à l’agence. Probabilité d’une bafouille sur ces sujets si ce blog survit à son deuxième billet : 100%.
En couverture du Passe-Partout 3, le bourgmestre de Namur apparaît souriant. On le serait à moins. Comme l’article qui lui est consacré le rappelle à l’envi, cette bête politique a obtenu 13.549 voix aux dernières élections. Un réel plébiscite.
A la fin du journal, le programme cinéma nous rappelle le succès planétaire de la franchise Twilight qui occupe trois salles, rien qu’à l’Acinapolis. Tout ça pour l’ultime volet d’un roman-photo puritain où les vampires reluisent au soleil et préfèrent attendre le mariage pour coucher. Dracula doit s’en retourner dans son cercueil. Il en faut pour tous les goûts, bien sûr. Certes, on peut également vivre sans avoir vu cette saga. Une légende raconte même que certaines personnes n’auraient jamais regardé ni Star Wars, ni le Seigneur des Anneaux. Du moment qu’ils sont fans de Retour vers le Futur, que cela leur soit pardonné.
Mais à part le complexe kinepolissien, quel autre choix le namurois cinéphile a-t-il ? L’Eldorado du centre-ville est toujours là mais le choix des films y est peu ou prou identique. Il subsistait bien le Caméo, qui avait le mérite de diffuser des films d’auteurs en version originale, mais il est maintenant fermé depuis de longs mois. Aux dernières nouvelles, il devait pourtant être rénové.

Maxime Prevot, plus jeune bourgmestre jamais élu dans la capitale wallonne, a un grand objectif pour redynamiser sa ville : le retour du téléphérique
D’ailleurs, où en est ce dossier ? Reprenons l’interview de Monsieur 13.549 voix accordée à Canal C dans son édition du 11/09
Donc, pour résumer, le marché public avait bien été attribué. Suite à une réclamation d’un soumissionnaire (déçu de ne pas avoir été retenu bien entendu), il a été annulé par souci d’équité. En effet, la réclamation portait, pour reprendre les termes exacts du bourgmestre, sur une TOUTE PETITE PHRASE dans le cahier des charges. Cette toute petite phrase précisant juste le montant des travaux. Le budget alloué était de 3,5 millions. Le concours a été remporté avec un budget estimé de 6 millions. Une toute petite phrase pour une différence de 2,5 millions d’euros au final. Une broutille donc (sic).
En l’occurrence, le râleur avait bien raison de râler. On appréciera tout de même au passage le numéro d’équilibriste du bourgmestre, à faire pâlir de jalousie l’inimitable illusionniste David Copperfield.
Dommage cependant, le projet présenté était prometteur, l’un des bureaux gagnants ayant déjà érigé le très beau cinéma Sauvenière à Liège. Les propriétaires de celui-ci (les excellents Grignoux) étant d’ailleurs membres, le monde est petit, du jury d’attribution namurois.
Quant aux travaux de rénovation, aucune date n’a encore été annoncée. Le projet ne devrait pas prendre plus de quatre ou cinq mois de retard, dixit le bourgmestre. Aucune raison de ne pas le croire, il suffira juste que les travaux aillent très très vite.
On y croit.
En attendant, ce sera soirée télé… Papy, je ne sais si tu me vois d’où tu es, mais j’espère au moins que tu as l’insigne chance de ne pas subir cette insupportable publicité de bpost.
Notes de bas de pages
1 – des visites payantes du site étant également au programme. Les bénéfices étant reversés au Samusocial 2 – copyright Herbert Leonard 3 – Presse gratuite namuroise, édition du 14/11/2012